Paul Monnier nait à Montana-Vermala (Suisse) le 3 août 1907. Son père, Isidore Monnier, de Grimentz, ancien garde suisse du pape, est receveur de la poste. Sa mère, Catherine Rey, de Lens, est institutrice.
Peu discipliné, il fréquente de nombreuses écoles du Valais: une première occasion de nouer des amitiés auxquelles il restera toujours fidèle.
En 1924, il est en 5ème année d'études classiques lorsque son père meurt subitement. Sur les conseils du peintre Ludwig Werlen, sa mère le retire du collège et l'inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Genève.
En 1924, Paul Monnier entre à l'école des Beaux-Arts de Genève où il suit un cycle complet de quatre années d'études avec pour principaux professeurs Fernand Bovy, Philippe Hainard, James Vibert. Il rencontre les peintres Alexandre Cingria et Jean-Louis Gampert qu'il considère comme des maîtres. Il complète sa formation par de nombreux voyages en France et en Italie.
Dans sa classe, il se lie avec Emilio-Maria Beretta; les deux amis sont bientôt rejoints par Albert Chavaz, par Albert Januarius di Decarli et par Pierre-Barthélemy Pitteloud.
Monnier, Beretta et Chavaz partagent le même atelier et, entre 1928 et 1935, ils forment ce qu'Alexandre Cingria appelle l'Ecole des Pâquis. Plusieurs expositions témoignent du rôle considérable de ces jeunes peintres dans la vie artistique de Genève.
En 1927, pour rompre avec une vie d'études, de voyages et de fêtes, Monnier entre à la Chartreuse de la Valsainte. Il y effectue quatre mois de noviciat. Puis, sur le conseil du prieur, il retourne à sa vie de peintre.
Après 3 semaines en mer, Paul Monnier débarque à Madras le 17 avril 1930; il a 22 ans. Il passe un an dans une mission, chargé de l'intendance des écoles d'un district rural de Vizagapatam. Au cours de cette année, il réalise sa première décoration dans l'église de Yenubaruvu.
Il s'astreint à tenir un journal:
"14 janvier 1931.
...Ecrire ce journal est une chose qui m'emmerde singulièrement".
Il y décrit, en peintre, des scènes de la vie de l'actuel Andhra Pradesh; il parle des difficiles conditions matérielles dans lesquelles il vit et de sa grande solitude, loin de ses amis.
Puis il séjourne sur les bords de la baie du Bengale et recommence à peindre. C'est à cette période qu'il décide de son avenir:
"1er juin 1931.
...Je peins et dessine avec joie. Aussi ai-je répondu au père B. qui me demandait ce que je ferai plus tard: j'ai toujours été peintre et je resterai un peintre. Un point - c'est marre."
Il envoie des dessins à des journaux locaux et à des expositions à Genève. Il hésite sur l'itinéraire de son retour:
"10 octobre 1931.
Ces jours je ne vois que les mauvais événements qui peuvent m'attendre, et ce que je perds en allant plus loin. Je perds très peu – peut-être un peu pour la peinture, la chaleur de notre groupe et la force de se sentir entouré. Si je n'y allais pas je le regretterais toute ma vie. Ce qui arrivera ne changera pas mes idées là-dessus. En somme ce qui m'attire en Europe, c'est une vie que je connais. Vaut-il mieux raconter des histoires ou vivre? J'attends avec impatience mon départ."
Déterminé, il reprend la mer vers la Malaisie, l'Indochine et le Tonkin avant de rentrer en Europe.
Le 22 janvier 1932, Paul Monnier débarque à Marseille.
A son retour à Genève, l'Ecole des Pâquis fut à la hauteur de sa réputation: la fête fut superbe et la peinture reprit vite ses droits.
Monnier expose à Genève et à Milan (5ème Triennale). Parallèlement, il exécute une série de commandes pour des vitraux et décorations d'églises (Tourtemagne, Avusy).
Membre de la Société de Saint-Luc, il participe aux réalisations du Groupe romand.
Gino Severini l'initie à la fresque, lui transmet de précieuses recettes et l'engage pour la décoration de l'église de La Roche (Fribourg, 1932) et celle de la basilique Notre-Dame du Valentin (Lausanne, 1934).
En 1935, Paul Monnier épouse Marie-José Anthonioz avec qui il aura trois enfants. Ils s'installent dans un appartement de la piazza Barberini à Rome, ville où ils retrouvent leur ami Gino Severini.
Au cours du mois de janvier 1936, le Cercle suisse de Rome présente une exposition PAUL MONNIER.
Au printemps, le jeune couple décide de quitter l'Italie pour revenir s'établir en Suisse.
Au printemps 1936, Paul Monnier fait construire à Sierre en Valais la maison où il veut installer sa famille. A cette époque, son talent se manifeste dans divers domaines.
Il réalise de nombreuses commandes pour des mosaïques, des vitraux en verre antique et des dalles de verre. Sur concours, il gagne la décoration du choeur de l'église Notre-Dame des Alpes au Fayet en Haute-Savoie.
Il expose à Zurich (Exposition nationale), Sion, Genève.
Il illustre des livres en édition originale parmi lesquels Notre Ami le Vin de Pierre Courthion, Le Parcours du Haut-Rhône ou La Julienne et l'Ail sauvage de Charles-Albert Cingria, Le Bazar de la Charité de Paul Morand.
Monnier apprécie le travail en compagnie d'amis. Il collabore avec Maurice Zermatten pour des illustrations et des décors de théâtre. Il héberge et partage son atelier avec un jeune peintre venu de Genève lui demander des conseils, Jean Roll.
Attentionné avec sa famille, il voyage moins. Il reçoit des amis parmi lesquels Charles-Albert Cingria et Jean Dubuffet. Une balade à bicyclette avec Cingria sera à l'origine du Parcours du Haut-Rhône.
En 1949, pour faciliter les études des enfants qui grandissent, la famille quitte le Valais pour Lausanne.
En 1949, Paul Monnier fait construire son nouvel atelier dans le jardin de la maison qu'il vient de trouver au centre de Lausanne. Il y concevra un ensemble considérable de décorations.
Les réalisations les plus importantes de cette époque se trouvent dans l'Abbaye de Saint-Maurice, la cathédrale de Sion, les églises de Collombey, Viège, Dubendorf, Montana-Vermala.
Simultanément, Monnier peint et expose à Madrid, Zürich, Sion, Salzbourg, Moscou. En 1967, l'Etat du Valais lui consacre une rétrospective au Musée de la Majorie à Sion.
Accordant toujours une place centrale à l'amitié, Paul Monnier rencontre des artistes et des écrivains parmi lesquels Blaise Cendrars et Henri Guillemin.
Il reprend l'habitude de voyager et se rend fréquemment en Espagne. C'est au cours de l'un de ces voyages qu'en 1956, il perd sa femme dans un accident de voiture.
En 1963, il effectue un important séjour en URSS à l'invitation de Suisse-URSS. La maison de Lausanne devenue trop grande pour lui, il décide de retourner vivre à Genève.
En 1970, Paul Monnier fait l'acquisition d'une maison ancienne à Carouge et il y installe son atelier.
Il retrouve des "vieux copains", les peintres Beretta, Decarli, Rochat, You Melley-Cingria et il se lie d'amitié avec l'écrivain Georges Haldas et le musicien Gilbert Favre.
Il s'adonne à la peinture de chevalet et expose à Sion, Paris, Sierre, Martigny, Genève.
Paul Monnier meurt le 23 février 1982. Il repose aux côtés de sa femme dans le petit cimetière de Saint-Sixt en Haute-Savoie.
